Le groupe des environs de Gien
fait son retour dans une veine qui nous ramène à leurs
premières amours, d’Un Automne à Loroy jusqu’aux Marronniers.
Ancrés dans une tradition musicale de la fin du XIXe et
toujours fidèles à la saison qui les a vus naître, l’automne,
pour eux qui aiment à écouter Duparc, l’élégie n’a jamais été
aussi belle…
Après cinq ans de silence phonographique,
si l’on excepte la compilation CollAGE, collection
d’Arnell-Andrea nous livre un album dont les 8 titres
correspondent à des reprises acoustiques de titres de leurs
trois premiers albums. Malgré les concerts de la fin de
l’automne 2001 qui faisaient encore la part belle aux
guitares, c’est en orchestre de chambre qu’ils abordent sur
disque ce nouveau siècle.
Elegy : Comment se fait-il que l’on ait si peu
l’occasion de vous voir sur scène ? Christophe : Il y a
peu de concerts qui sont organisés en France pour ce type de
musique et je crois que côté organisateurs, on ne pense pas
vraiment à Collection d’Arnell-Andrea.
Lorsque vous avez fait le tribute à Kirlian Camera,
vous êtes-vous vraiment renseignés à propos du groupe
? C’est une question d’intégrité par rapport à nos
convictions. Je n’ai pas du tout envie de participer au
tribute d’un groupe qui pourrait se révéler néo-nazi,
d’extrême droite, ou je ne sais quoi. On a dit oui, mais à
condition… Chloé : On est allés jouer à Rimini, donc on a
pu s’informer sur place également.
Vous vous sentez plus proches de cette famille plutôt
que de groupes auxquels on vous comparait à vos débuts comme
Cocteau Twins ? Chr : On est de cette mouvance-là, mais
c’est très large. Chl : Pour revenir à la question
précédente, on n’a pas du tout pensé à ce que l’on faisait
d’une manière commerciale. Si bien que le choix de notre nom
ne doit pas faciliter les choses.
Vous avez une identité visuelle très marquée,
pouvez-vous nous en parler ? On y a toujours tenu
énormément. Chr : Nous nous en occupons ; des amis nous
aident à l’occasion concernant le traitement informatique. La
conception est un travail commun. C’est quelque chose de très
important. On veut, par exemple, que le livret puisse
accompagner ce qui se passe au niveau musical, mais pas trop.
On veut que l’explicite suscite l’implicite, que ce ne soit
pas une simple illustration ; que l’on puisse s’accaparer
l’image. Chl : Cela permet de mieux se placer en fonction
des émotions, que ce soit pour les diapos, les films… Chr :
Tout ceci est choisi avec soin, nous y accordons beaucoup de
temps. Entre deux albums, on fait ça, aussi (rires).
Vous avez une image d’intellectuels ; quels sont les
ouvrages qui ont été décisifs dans l’évolution du groupe
? Chl : Il y a beaucoup de poésie au départ, celle du
début du siècle. À cette époque, il y avait cette ambiance,
les peintres, les musiciens qui constituaient une famille…
L’expression d’un mouvement artistique y était forte.
Peut-être que maintenant tout est plus cloisonné, c’est du
moins mon impression. C’est quelque chose auquel on aspire
toujours de travailler avec des peintres, d’établir des
liens… Chr : C’est ce que l’on a toujours fait, par
exemple, avec la pochette de Cirses des champs. Pour le
prochain, ce sera la même chose.
Le cliché du Grand-Meaulnes que l’on vous a souvent
prêté ? Oui, c’est vrai. Ça fait partie de ce que j’ai
lu et de ce que j’aime.
Pour le prochain album, vous reviendrez à quelque chose
de plus propre après une période un peu noisy ? Étant
donné que l’electro prend de l’importance actuellement, on a
voulu faire de l’acoustique pure et dure, ambiance début de
siècle… On a voulu renouer avec ce qu’on aime écouter : Fauré,
Schubert, Duparc, etc. Ce ne sera pas vraiment du classique,
ça restera du Collection. Nous étions persuadés que cela
allait être radicalement différent, mais finalement les gens
disent que l’on nous reconnaît indéniablement. C’est assez
classique du point de vue de la forme. Chl : On a pu
constater, avec ces nouveaux morceaux, lors de quelques
concerts, l’émotion qui jaillissait de ces compositions. On ne
la retrouve pas avec une orchestration électrique. C’est plus
simple, on arrive à un tour plus proche de nos convictions.
Nous défendons la nature…
C’est un engagement réel de votre part ? Chr :
Oui, complètement… Chl : … mais on ne milite pas… Chr :
… pas de façon aussi radicale ou courageuse que les Young
Gods, par exemple. Discrètement, on est très attachés à la
nature. C’est quelque chose qui nous transporte. Chl :
C’est un respect humain. Propos recueillis par Thorny
Wakewald
En n’oubliant pas Opera Multi Steel, groupe
auquel collabore Carine Grieg, Franck Lopez et Catherine Marie
lors des concerts (Une Idylle en péril, le nouvel album est
pour bientôt), ainsi que O Quam Tristis, le groupe de Franz
Torrès-Quévédo.
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